Les 24, 25 et 26 août se déroulait le Brussels Game Festival (BGF pour les intimes). Habitant en Belgique, il était impossible que je loupe l’événement ludique de l’année. Car il faut bien reconnaître que c’est le plus gros événement de jeux de société en Belgique.
Cette année, le festival avait lieu du vendredi après-midi au dimanche. Une demi-journée supplémentaire. C’est super pour les joueurs (quand on a la possibilité de se libérer) car il y a moins de monde et il est plus facile de s’asseoir à une table pour découvrir un jeu. Par contre, je ne sais pas si c’est très intéressant pour les éditeurs (et boutiques) car il n’y a justement pas grand monde. En plus, certains stands étaient même vides le vendredi car certains éditeurs ont un autre boulot à côté (je pense à Flatlined Games par exemple). A voir si l’expérience sera reconduite l’année prochaine.
Point positif pour le festival : de plus en plus d’éditeurs, d’auteurs, d’illustrateurs font le déplacement pour être présents à cet événement. Par exemple, il y avait Naïade qui y venait pour la première fois. C’est un plus pour les joueurs car on peut échanger directement avec un éditeur pour discuter d’un jeu qu’on adore ou en savoir plus sur une prochaine sortie ou encore dire à quel point on aime le travail d’un auteur ou illustrateur.
Point négatif : les toilettes. C’était déjà le cas en 2016 et 2017 et ça n’a pas changé. Des toilettes sèches qui ne sont pas nettoyées suffisamment souvent et qui sont payantes. Dommage, ça nuit à la qualité de l’événement.
Passons maintenant aux jeux joués :
Vendredi, on arrive (oui, je ne vais pas seule en festival, j’ai la chance d’être en couple avec un joueur) vers 14h30. On est donc en avance. On fait un petit tour pour voir qui est où. Il faut attendre un peu plus de 15h00 pour que ça commence vraiment.
Le premier jeu qu’on essaie est Carson city – The card game chez Quines Games. On possède déjà la big box du jeu de plateau, on était donc curieux de voir ce que donnait la version cartes. Les règles sont facilement assimilées, surtout que le comptage des points est très similaire au jeu de plateau. Etant donné que nous jouons à 2, il y a 2 personnages fictifs pour la partie. Je pars dubitative car je n’aime pas trop quand un jeu propose un ou plusieurs personnages fictifs. Finalement, j’apprécie le jeu, même avec les joueurs fictifs. Le principe est simple : à chaque manche, on révèle autant de cartes que de joueurs et une carte personnage. C’est ce qui sera mis aux enchères. Ensuite chaque joueur va parier avec son « deck » de cartes (allant de 1 à 9). Le joueur ayant misé la plus haute valeur pourra choisir en premier un des éléments mis aux enchères. Ensuite, c’est le joueur ayant misé la seconde valeur la plus haute et ainsi de suite. Les joueurs fictifs récupèrent également des cartes. Ces dernières sont numérotées, un joueur fictif récupère toujours la carte avec la plus haute valeur et ça lui fera autant de points en fin de partie. Les vrais joueurs, eux, doivent poser la carte choisie dans leur ville, toujours adjacente orthogonalement à une carte déjà en jeu. Si c’est le personnage qui est récupéré, on pourra utiliser son pouvoir le moment voulu. Une partie dure donc 9 manches puisqu’on va utiliser tout notre « deck » pour parier. C’est rapide à jouer, c’est une petite boîte qui prend peu de place et c’est très agréable. Belle partie pour ma part, même si ce sont les joueurs fictifs qui terminent premier et deuxième.
Ensuite, on se rend sur le stand de Runes Editions pour jouer à Tag city. On y avait déjà joué sous son autre thème (et son ancien nom : Bentoblock) quand ce n’était encore qu’un prototype. Je constate que je suis particulièrement fan des roll & write et Tag city en est un. Sa particularité est que la mécanique est combinée à du placement à la Tétris et qu’il s’agit d’une course aux points. En effet, dès qu’un joueur a entièrement tagué une ligne, une colonne ou un quartier de la ville, il remporte la plus haute valeur de points (5 pour une ligne, 3 pour une colonne et pour les quartiers, ça dépend de leur taille). Les autres joueurs pourront aussi gagner des points s’ils taguent aussi entièrement la même surface, mais dans une moindre mesure (3 points pour les lignes, 1 pour les colonnes,…). J’aime beaucoup, mais vraiment beaucoup. C’est tendu et il faut vraiment regarder ce que les autres joueurs peuvent faire avant nous. De plus, les illustrations sont très jolies et font bien ressortir le thème du jeu. Soyons clair : j’ai hâte de l’avoir dans ma ludothèque.
On termine chez Geek Attitude Games et on essaie Crisis. Le thème me rebute fortement mais je fais « l’effort » d’essayer. C’est un jeu de placement d’ouvriers qui a la particularité d’être compétitif (à la fin, c’est le joueur avec le plus de points qui remporte la partie) mais en étant aussi un peu coopératif. En effet, le jeu peut gagner si les joueurs n’atteignent pas l’objectif requis à chaque manche (il y en aura 7 si tout se passe bien). Il faut donc faire attention quand on choisit l’emplacement d’un de ses ouvriers car ça pourrait bloquer un autre joueur et l’empêcher de se rapprocher de l’objectif. On ne jouera que la moitié de la partie car le festival touchait à sa fin. Pas d’avis définitif sur le jeu puisque je n’ai pas pu achever la partie et surtout car il y avait à la table un joueur qui ne comprenait rien au jeu et ça nuit à l’expérience. Je peux tout de même conclure qu’il s’agit d’un jeu de placement d’ouvriers traditionnel, avec un thème particulier et une originalité (compétitif mais pas trop durant la partie). J’espère avoir l’occasion d’y rejouer pour me faire un avis plus concret.
Voilà pour le vendredi.
Samedi, on commence la journée chez Pearl Games avec Solenia. On connaît déjà le jeu pour l’avoir joué à Ludinord et à Paris est ludique. Mais puisqu’il nous plaît, on refait une quatrième partie et cette fois avec le dernier niveau de jeu (avec objectifs et pouvoirs). Toujours aussi bon ce pick up & delivery. Graphiquement, il est splendide (Vincent Dutrait est au pinceau). J’aime bien la mécanique jour/nuit des tuiles, ça demande de bien gérer ses ressources et de bien planifier les commandes. Comme dans Otys, il faut vérifier ce que possède l’adversaire comme ressources pour voir s’il ne va pas valider une commande avant nous. Les parties sont rapides (30 minutes environ à 2) et les tours de jeu fluides. Tout ce que j’aime !
Après-midi, on passe chez Pixie Games (je passe souvent pas mal de temps sur leur stand en festival tellement j’aime leurs jeux). Mon œil est immédiatement attiré par Architectes du royaume de l’ouest. En effet, je suis une grande fan de Pillards de la mer du Nord et ma moitié a justement pledgé Architectes. La table est libre donc on s’y installe. On retrouve des similitudes à Pillards de la mer du Nord tout en étant différent. Ça reste de la pose d’ouvriers, mais cette fois, on en possède 20 au lieu d’un seul ! J’ai adoré la partie ! Je trouve que c’est un peu plus complexe que Pillards de la mer du Nord car le jeu offre plus de possibilités. Dans Pillards de la mer du Nord, il faut d’office commencer par préparer son raid en recrutant un équipage et en stockant des provisions avant d’aller faire des raids. Dans Architectes du Royaume de l’ouest, il faut récolter des ressources pour construire la cathédrale ou des bâtiments, interagir avec les autres joueurs en kidnappant (temporairement) leurs meeples, embaucher des artisans qui boosteront nos actions, aller au marché noir (mais attention de ne pas être trop corrompu sinon on ne pourra pas participer à la construction de la cathédrale),… Les premiers tours ne sont donc pas si évidents. Encore un beau jeu de Shem Phillips, illustré par The Mico et édité en français par les petites fées mauves Pixie Games. J’ai hâte de recevoir le KS.
On enchaîne avec Just one, en prototype chez Repos Production. C’est une réédition de We are the word. Seul le matériel change : on écrit l’indice sur des petits pupitres au lieu d’une bulle de conversation. L’avantage est qu’on peut pose la carte sur le pupitre quand on doit deviner le mot. Je ne connaissais pas le jeu et c’est assez sympa pour jouer en grand groupe. Un joueur doit deviner un mot. Il ferme les yeux et tous les autres écrivent un indice sur leur pupitre. Ensuite, on compare les indices et tous les doublons (ou triplons ou plus) sont effacés. Celui qui doit deviner lit les indices restants et essaie de trouver le mot. C’est un coopératif où il faut trouver un certain nombre de mots parmi une pile pour remporter la partie.
On continue chez Geek Attitude Games pour essayer le dernier plateau (Shogun) de leur prochain jeu : Dicium. Il s’agit d’un jeu de combinaisons de dés qui a l’originalité de proposer 4 jeux différents basés sur la même mécanique. Shogun est la version asymétrique où les samouraïs et les ninjas s’affrontent. Il se joue soit en 1 contre 1 ou en 2 contre 2. La mécanique de dés me rappelle le Yathzee que je jouais quand j’étais enfant. Mais en mieux puisque chaque combinaison aura un effet ! La mécanique est assez simple. A son tour, on lance les dés (3 en début de partie et jusqu’à 5 si on parvient à les débloquer) et on a droit à 2 actions. On peut utiliser les dés soit en combinant les valeurs (paire, brelan, full,…), soit en combinant les couleurs (rouge, jaune ou vert). Car chaque face de dé donne 2 informations : une valeur et une couleur. On utilise soit la couleur, soit la valeur, mais pas les 2. Enfin, on peut conserver jusqu’à 2 dés inutilisés pour le tour suivant. Les différentes actions possibles sont du déplacement, du combat ou encore augmenter le nombre de dés à lancer. Le jeu me plaît et il rejoindra ma ludothèque à sa sortie. J’en profiterai pour faire un article pour le présenter en profondeur.
Ensuite, on essaie l’extension de Dice forge chez Libellud. On joue avec le module Dieux/Titans. Le jeu de base me plaît déjà beaucoup. Pour moi, il ne manque de rien (contrairement à ce que j’ai déjà pu entendre ou dire). L’extension rend le jeu plus complexe et il y a quelques petits combos qui s’installent grâce aux pouvoirs de la piste Dieux/Titans, piste sur laquelle on avancera ou reculera grâce à une nouvelle ressource joker ou à des cartes. L’extension apporte aussi de nouvelles cartes, ce qui permettra de renouveler les parties. J’ai beaucoup aimé et je suis curieuse d’essayer l’autre module (labyrinthe). Mais n’ayant pas suffisamment joué au jeu de base, je ne pense pas acquérir cette extension.
On termine la journée avec Lindisfarne, chez Runes Editions. Il s’agit d’un jeu de placement de dés et de majorité. Le tout sur le thème des vikings. J’y ai déjà joué plusieurs fois (3 pour être exacte, en festival) et plus j’y joue, plus je l’apprécie. Le jeu se déroule en 6 manches où chaque joueur devra placer ses jetons Viking qui représentent les dés (on en a 6, mais il n’est pas obligatoire de tous les placer) sur les 3 différents plateaux dans le but d’être majoritaire et de récupérer une carte ou un objectif. Les cartes appartiennent à 6 familles et sont utiles pour réaliser des fresques, obtenir des points de majorité en fin de partie et compléter des objectifs. Certaines cartes apportent aussi un pouvoir. Un jeu qui exige de regarder ce que les autres joueurs convoitent afin de leur mettre des bâtons dans les roues en obtenant la majorité sur le plateau où se trouve la carte espérée. Il faut aussi savoir changer de cap si les dés ne nous offrent pas le résultat qu’on attendait. Le jeu débarque courant du mois de septembre.
Samedi soir, on termine la journée en faisant découvrir Rise of tribes à des amis. Je ne développe pas, je ferai sûrement un article pour parler du jeu qui est paru via Kickstarter.
Dimanche, c’est le dernier jour. On a déjà pas mal joué et il ne reste pas beaucoup de jeux à tester sur ma liste. Monsieur a envie d’essayer Horizons car il l’avait vu sur Kickstarter et avait été intéressé. On se rend donc sur le stand des Pixie Games pour y jouer. Il s’agit d’un jeu d’exploration, de combos et de majorité. Le tout agrémenté de cartes missions, de connaissances et de planètes à explorer. 2 actions par tour et la partie prend fin dès qu’un joueur a construit ses 5 colonies. Vraiment un chouette jeu. C’est fluide, rapide, magnifiquement illustré et ça combote pas mal à certains moments. Une autre petite merveille qui rejoindra la ludothèque.
On enchaîne avec Small islands chez Mushroom Games. Après l’avoir vu à Cannes et à Paris, j’avais envie d’essayer ce jeu de placement de tuiles. Le jeu est simple, c’est du placement de tuiles traditionnel. L’originalité vient de la manière de scorer, avec nos objectifs secrets. En effet, à chaque manche (4 au total), on choisira secrètement une de nos 3 cartes objectif, celle qui nous fera, on l’espère, gagner le plus de points. Ensuite, on pose une nouvelle tuile chacun notre tour jusqu’à ce qu’un joueur place un bateau ou que la pioche soit vide. Enfin, on place une maison sur une île où l’on n’est pas encore présent et on score les points de notre objectif. Le jeu durant 4 manches, il ne faut pas se précipiter à la première manche à essayer de faire une grande île qui nous fera gagner beaucoup de points. Car à la manche suivante, on ne pourra plus se placer sur cette île et il faudra trouver une autre île suffisamment intéressante pour notre objectif. Ce fût une belle surprise pour ma part. J’y rejouerai avec plaisir.
On continue avec l’extension de Kingdomino : L’âge des géants chez Blue Orange. J’adore le jeu de base car il est simple, mais intéressant tout de même pour des joueurs habitués. Il est facile à sortir avec des enfants et est idéal pour initier de nouveaux joueurs sans leur faire peur. L’extension ajoute de nouveaux dominos associés à une nouvelle mécanique utilisant les géants et des cartes objectifs qui remplaceront les variantes Château centré et Royaume complet. L’extension est sympathique et ne complexifie pas vraiment le jeu. Par contre, elle apporte de l’interaction. En effet, quand on ajoute dans son royaume un domino avec un géant, il faut prendre un géant qui va venir cacher une couronne dans notre royaume et nous faire perdre des points. Il sera possible d’envoyer le géant chez un autre joueur quand on ajoutera un domino avec des traces de pieds de géants. A 2, ça ne doit pas être la meilleure configuration et c’était la configuration jouée. Pas de coup de cœur pour ma part (car j’adore Kingdomino tel qu’il est), mais je lui prédis un grand succès.
On termine avec Steamrollers chez Flatlined Games. C’est ma troisième partie car je veux lui redonner une chance puisque les 2 premières parties ne m’avaient pas emballée plus que ça. Finalement, je ne changerai pas d’avis : ce jeu ne m’amuse pas. Pourtant j’aime beaucoup les Roll & write mais celui-ci me laisse totalement indifférente. Dommage…
C’est ainsi que se termine mon Brussels Game Festival. C’était une belle édition! Je suis contente d’avoir pu revoir les éditeurs que j’apprécie beaucoup : Geek Attitude Games, Pearl Games, Pixie Games, Runes Editions.